BioValley France, France Biotech et Netri ont annoncé le 4 avril 2024 la création d’un Contrat Stratégique de Filière sur les organoïdes et les organes sur puce en France. Lire le communiqué de presse
Le monde scientifique français a franchi une étape majeure le lundi 29 avril 2024 avec la présentation du PEPR Organes et Organoides sur Puces, baptisé MED-OoC (Programmes et équipements prioritaires de recherche, France 2030). Ce consortium co-dirigé par Xavier Gidrol du CEA, Jean Rosenbaum de l’Inserm et Anne-Marie Gue du CNRS, vise à mettre en place un programme ambitieux pour développer la médecine personnalisée grâce aux approches novatrices et révolutionnaires centrées sur les organes sur puce (OoC).
Après une mise en lumière des défis colossaux que représentent actuellement les coûts de production des médicaments ainsi que la nécessité d'une production souveraine face aux ruptures d'approvisionnement - comme celles observées lors de la pandémie de Covid-19, le consortium a souligné en quoi l'émergence de nouvelles biothérapies et le besoin croissant d'une médecine plus personnalisée appellent à développer en urgence des modèles biologiques pour les patients (des « jumeaux cliniques ») plus pertinents. Les organes sur puce représentent une avancée significative dans ce domaine. En créant des microenvironnements contrôlés, ces dispositifs permettent de modéliser des fonctions physiologiques et/ou des propriétés biomécaniques des organes, sans forcément chercher à les reproduire à l'identique. En constituant une alternative à l’utilisation traditionnelle de modèles animaux, ces approches ont également le potentiel de réduire considérablement le recours à l'expérimentation animale.
Le PEPR MED-OoC, d'une durée de six ans et doté de 48 millions d’euros, a pour objectif de favoriser l'émergence d'une nouvelle génération d'OoC autour de trois challenges principaux :
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des « jumeaux cliniques » élaborés à partir de cellules de patients,
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des puces multi-organes ou des organes sur puces multi-fonctionnels (dits « organoïdes-sur- puces »)
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des puces à capteurs multiples « multi-sensing chips » permettant de mesurer divers paramètres (chimiques, physiques, etc.) pour une meilleure compréhension des processus biologiques normaux et pathologiques.
Ce programme multidisciplinaire mobilisera toutes les compétences françaises afin de faciliter le transfert des découvertes du laboratoire au lit du patient. Il comprendra cinq approches distinctes :
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Quatre projets collaboratifs ciblés (détaillés plus bas), sélectionnés en 2022 pour leur capacité à répondre aux besoins cliniques et à réduire l'expérimentation animale.
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La mise en place de structures translationnelles pour favoriser la collaboration entre patients, cliniciens, chercheurs et professionnels.
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Un appel à projets visant à financer une vingtaine de projets innovants et disruptifs à hauteur de ~1 million d’euros chacun.
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Un soutien spécifique pour accélérer le transfert des découvertes en clinique et évaluer le coût et l’impact de ces nouvelles approches sur la santé publique.
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Un programme d'éducation visant à former les futures générations de scientifiques, notamment par des échanges internationaux et des collaborations avec des chercheurs renommés.
La présentation des quatre premiers projets ciblés par leurs porteurs a illustré la diversité des applications potentielles des OoC, de la modélisation des tumeurs à la compréhension du syndrome métabolique en passant par le suivi des transplantations d'îlots pancréatiques et l'ingénierie tissulaire :
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« Tumor on chip » (Stéphanie Descroix, Institut Curie) propose de développer des avatars cliniques basés sur des cellules tumorales dérivées de patients, permettant d'exploiter les données pour personnaliser et optimiser les traitements en prenant en compte la complexité du microenvironnement tumoral.
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« MAGIC » (Fabrice Navarro, CEA, Grenoble) permet de surveiller et gérer les îlots pancréatiques transplantés chez des patients atteints de diabète auto-immun, en utilisant des puces pour comprendre les mécanismes moléculaires et améliorer la prise en charge des complications liées à cette pathologie.
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Cécile Legallais, de l’Université de Compiègne, porte un projet sur le « Syndrome métabolique », qui consiste à développer des modèles de foie sur puce pour mieux comprendre et stratifier les patients atteints de la maladie du « foie gras », en remplaçant les modèles animaux et validant ces modèles par comparaison avec des cohortes de patients.
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Le projet « Microenvironment engineering & imaging » (Audrey Ferrand, Inserm, Toulouse) consiste en la création d’une librairie d’hydrogels biocompatibles et le développement de modèles de tissus sur puce intégrant des technologies avancées (microfluidique, capteurs, imagerie haute résolution...) pour caractériser les propriétés mécaniques des tissus, notamment dans des modèles de colon sur puce, microbiote et cancers pancréatiques.
Le calendrier prévoit le lancement du premier appel à projets début 2025, marquant ainsi le début d'une nouvelle ère dans la recherche médicale française. Le PEPR MED-OoC ouvre la voie à une médecine plus précise, plus efficace et plus respectueuse des patients, tout en renforçant la souveraineté nationale et en réduisant le recours à l'expérimentation animale.
Pour en savoir plus, ne manquez pas le webinaire du consortium PEPR MED-OoC, qui sera organisé par le GIS FC3R le 12 décembre 2024 !