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Le bien-être animal au cœur de la recherche appliquée

Solenn Percelay, scientifique Bien-Être Animal au sein de la société de service TransCure bioServices, œuvre pour que le bien-être des souris soit intégré aux réflexions scientifiques et éthiques du quotidien, à travers le développement d’indicateurs du bien-être animal, une culture du soin interne et une communication ouverte.

12.09.25

Solenn Percelay

Pour aller plus loin

Retrouvez les articles et protocoles de Solenn Percelay sur FRIA

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Solenn Percelay, pouvez-vous vous présenter, nous parler de votre métier ?

Depuis 2022, j’occupe le poste de scientifique Bien-Être Animal chez TransCure bioServices. Ce rôle, proche de celui désigné à l’international sous le terme d’Animal Welfare Officer (AWO) est encore peu répandu en France, mais est essentiel pour garantir le bien-être des animaux dans le cadre de la recherche préclinique. Mon objectif est de concilier les exigences scientifiques et le temps de travail des chercheurs et des techniciens animaliers, tout en adoptant une approche éthique et respectueuse des animaux.

Avant de rejoindre TransCure bioServices, j’ai réalisé une thèse en neurosciences à l’université de Caen sur un modèle de schizophrénie chez la souris, puis j'ai occupé un poste d’ATER à la faculté de pharmacie. Ces expériences m’ont permis d’acquérir une expertise scientifique solide, que j’applique aujourd’hui dans mon travail. Chez TransCure bioServices, une CRO (Contract Research Organisation) spécialisée dans les modèles de souris humanisées, nous travaillons principalement sur l’oncologie, ainsi que sur des maladies inflammatoires et infectieuses telles que le VIH (virus du SIDA), l’hépatite ou les fibroses. Avec près de 3 000 souris, mon rôle consiste à assurer leur bien-être tout en répondant aux besoins scientifiques et aux attentes de nos clients. Je consacre environ 50 % de mon temps à des missions directement liées au bien-être animal. Ces missions sont variées et évoluent constamment pour s’adapter aux besoins de notre structure.

A quoi ressemble ce quotidien, consacré au bien-être animal ?

Une part importante de mon travail consiste à concevoir et à mettre en œuvre des méthodes d’évaluation du bien-être des souris. Cela implique d'analyser leur comportement, leur environnement et leur physiologie. Par exemple, nous utilisons des dispositifs de tests comportementaux comme l'open field pour évaluer leur capacité exploratoire et la boîte noire et blanche (ou dark/light box si on veut rester en anglais pour le nom des dispositifs) pour évaluer l'anxiété, des éthogrammes qui quantifient les interactions avec les congénères ou avec l’enrichissement, ou encore des tests d’anhédonie qui permettent de déceler la perte de plaisir, un symptôme associé à la dépression, à travers la consommation d’eau sucrée. Je suis attentive à tout ce qui peut influencer le bien-être animal : luminosité, bruits, vibrations… Par exemple, nous avons mis en place un monitoring simple pour observer l’activité des souris cage par cage afin d’évaluer si elles sont perturbées par certains facteurs externes. Nous réfléchissons également à d’autres approches, comme la mesure du rythme cardiaque, ou des tests de préférences (entre deux types de litière, d’enrichissement ou d’aliment par exemple) grâce à deux cages connectées entre elles. Ces méthodes sont non invasives et permettent de minimiser le stress des animaux. Dans certains cas, nous mesurons également des paramètres physiologiques comme la corticostérone (hormone du stress chez la souris, l'équivalente du cortisol chez l’humain) dans les poils, les fèces ou les urines.

Ces données nous permettent d’évaluer concrètement l’impact des procédures ou des changements environnementaux sur le bien-être des souris, et de pouvoir valider des décisions : le changement alimentaire, la modification de la quantité de litière, la modification de la fréquence de change des cages, la mise en place de friandises (graines de tournesol), la sélection des enrichissements comme des tunnels en carton ou des dômes en plastique pour améliorer leur environnement … ou encore l’adoption de nouvelles méthodes de manipulation comme le "cup handling", qui consiste à manipuler les souris sans les prendre par la queue, une méthode moins stressante pour elles. L’objectif : garantir que ces ajustements soient au minimum neutres, voire bénéfiques pour les animaux, l’éthique scientifique et les manipulateurs. La maîtrise du stress et de la douleur pendant l’élevage et l’expérimentation, sources importantes de variabilité et de modifications physiologiques, constitue également un progrès déterminant pour renforcer la fiabilité et la reproductibilité des données scientifiques.

© Solenn Percelay - A TCS, le bien-être des souris est évalué à chaque changement alimentaire, modification de litière ou sélection d’enrichissement © Solenn Percelay - A TCS, le bien-être des souris est évalué à chaque changement alimentaire, modification de litière ou sélection d’enrichissement

Comment vous y prenez-vous pour partager ces avancées, et faire évoluer les pratiques en recherche animale ?

Je contribue à développer une culture du soin en sensibilisant mes collègues aux enjeux du bien-être animal. En tant que responsable de la Structure Bien-être Animal (SBEA), je participe à la rédaction et à l’amélioration continue des procédures internes. Par exemple, nous discutons régulièrement de pratiques telles que les prélèvements sanguins (quelle voie privilégier pour quel volume, par exemple entre les veines saphène et mandibulaire) ou l’administration de substances (guidée par micropipette - MDA - par exemple) afin d’identifier les méthodes les moins invasives et les mieux adaptées.

Une autre partie importante de mon travail consiste à promouvoir la transparence sur l’expérimentation animale. Je rédige notamment des articles vulgarisés et des protocoles, qui sont accessibles sur FRIA, pour expliquer notre démarche, nos avancées, et les partager le plus largement possible. Mon objectif est d'accompagner chacun dans sa réflexion et sa pratique, mais aussi de l'aider à aborder le sujet. Mon rôle évolue sans cesse au gré des besoins, et chaque jour est une opportunité de proposer de nouvelles idées et de tester des approches innovantes afin d’améliorer le bien-être animal. Pour moi, c’est une responsabilité essentielle qui doit être intégrée au cœur même de la recherche scientifique. C’est un défi passionnant qui me motive chaque jour !

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