
Le saviez-vous ?

Le FC3R participe au Hub International Education, une initiative lancée aux Pays-Bas réunissant 17 pays pour partager des outils pédagogiques favorisant un enseignement des sciences de la vie sans recours aux animaux. Cette initiative est soutenue par le Centre Ombion pour la recherche biomédicale sans animaux.
Vers une science sans recours aux animaux
Le 7 juillet 2025 a marqué une date importante pour la recherche non-animale aux Pays Bas. Ce jour-là, l’ « Ombion Centre for Animal-free Biomedical Translation » formellement nommé CPBT, dédié aux innovations scientifiques n’ayant pas recours à l’expérimentation animale, a été officiellement inauguré à Utrecht. Avec un budget alloué de 245 millions d’euros pour la période 2025-2034, ce financement a été porté par le Fond national de croissance néerlandais (124,5 M€) et plus de 60 partenaires nationaux et internationaux. Le CPBT symbolise le pilier opérationnel d’une politique volontariste : celle du programme de Transition vers l’innovation sans animaux (TPI). Les premiers projets de recherche du CPBT porteront sur la Sclérose latérale amyotrophique (SLA), la fibrose kystique, l’arthrose, l’asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).
Le programme TPI : stratégie et objectifs
Le programme TPI, né en 2018 de la collaboration entre le gouvernement néerlandais et des acteurs du monde scientifique, industriel et associatif, entend accélérer la transition vers des pratiques de recherche biomédicale sans expérimentation animale. Il incarne une vision ambitieuse : “mieux prédire la physiologie humaine, sans animaux de laboratoire”, en promouvant des méthodes alternatives plus efficaces et éthiques.
Le programme TPI est géré par un bureau rattaché au ministère néerlandais de l’Agriculture, de la Pêche, de la Sécurité alimentaire et de la Nature (LVVN). Il repose sur une gouvernance collaborative, incarnée par deux groupes structurants :
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Un groupe de transition, chargé de piloter les grands axes stratégiques ;
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Un groupe central, composé de représentants de haut niveau des partenaires (ministères, instituts de recherche, ONG, etc.).
Ces instances ont pour mission d’élaborer une feuille de route partagée, de fixer des objectifs à court, moyen et long terme, et de superviser leur mise en œuvre.
Pour faire de cette transition une réalité concrète, le TPI a identifié six objectifs stratégiques majeurs à atteindre d’ici 2029 :
1. Développer les innovations existantes et en créer de nouvelles
Les Pays-Bas misent sur des technologies de pointe pour remplacer les tests sur animaux, comme:
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Les organes sur puce.
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Les organoïdes humains cultivés en laboratoire.
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La modélisation par intelligence artificielle.
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Les cultures cellulaires en 3D.
L’objectif est de favoriser leur développement, leur validation et leur mise en œuvre dans les laboratoires publics comme privés.
2. Faciliter la reconnaissance des méthodes alternatives
TPI s’engage à simplifier les processus de validation réglementaire et à favoriser leur acceptation par les agences de santé, les chercheurs et l’industrie pharmaceutique.
3. Accompagner les chercheurs vers des choix éthiques
Le programme encourage la formation, le soutien méthodologique et le financement de la recherche orientée vers l’abandon progressif des animaux. Des initiatives comme les Helpathons, réflexions collectives pour concevoir des solutions innovantes, ou les concours de start-up tels que la Proefdiervrij Venture Challenge illustrent cette volonté d’implication directe des chercheurs.
4. Impliquer tous les acteurs de la société
Le TPI fédère un écosystème complet : chercheurs, startups, étudiants, décideurs publics, associations et citoyens. À travers des réseaux de jeunes futurs chercheurs comme Young TPI ou des plateformes d’échange comme TPI.tv, il crée une culture commune de l’innovation éthique.
5. Partager la connaissance de manière ouverte
TPI prône une science ouverte, où les données sur les essais animaux ou sans animaux sont facilement accessibles, traçables et réutilisables (FAIR).
6. S’adapter au cadre réglementaire européen
Bien que les décisions réglementaires soient largement prises au niveau européen, TPI travaille activement pour influencer les politiques européennes et explorer les marges de manœuvre nationales permettant d’éliminer certains tests inutiles, notamment dans le secteur des produits chimiques.
La transition passe aussi par l’Europe
La transition vers une science sans expérimentation animale ne peut se faire de manière isolée. C’est pourquoi le programme TPI développe une stratégie d’influence européenne, visant à :
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Harmoniser les politiques des États membres en faveur de l’innovation sans animaux ;
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Renforcer les collaborations scientifiques transfrontalières ;
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Influencer les feuilles de route de la Commission européenne, notamment sur les tests de sécurité chimique.
À travers la mise en place du programme TPI et le lancement du Centre Ombion, les Pays-Bas montre qu’une transition vers une recherche non-animale est possible grâce à une stratégie ambitieuse, collaborative et durable.